Cette entrevue a été originellement publiée sur Le Pressoir

Suzan Richards est la directrice artistique du Cultural Arts Studio, School of Afro-Caribbean Dance, un espace de création qui célèbre les danses traditionnelles africaines et caribéennes. Formée en ballet jazz à l’Académie de danse jazz de Montréal et à la West Can Folk Performing Company de Montréal, elle est une artiste accomplie et une enseignante et chorégraphe chevronnée. 

Cet été, Suzan s’est retrouvée dans le quotidien Ottawa Citizen lorsqu’elle a lancé une invitation aux personnes âgées, les encourageant à danser sur leur balcon dans la basse-ville. Maintenant que l’année scolaire est bien entamée, l’artiste en enseignante a recommencé à inciter les élèves à trouver leur voix par la danse.

Portrait de Suzan Richards. Photo gracieuseté de MASC.

Portrait de Suzan Richards. Photo gracieuseté de MASC.

Commençons par une question simple. Croyez-vous que la danse peut changer le monde?

Suzan : Absolument! Selon moi, la danse a la capacité de changer le monde parce qu’on peut tous danser, avec ou sans musique. Il suffit d’écouter le rythme de notre âme et les murmures de nos ancêtres.

Selon votre philosophie, chacun devrait avoir la possibilité de raconter son histoire par la danse et le mouvement, peu importe l’âge, la taille, ou le niveau de forme physique. Pourquoi est-il encore important de préciser cela?

Suzan : Nous nous imposons souvent des limites et il est important d’exprimer pourquoi on s’impose certaines choses pour ne pas danser. Je veux encourager les gens à surmonter ces défis et à danser. Je veux qu’ils sachent que notre espace et nos programmes sont inclusifs et qu’ils ne s’arrêtent pas aux normes de la danse traditionnelle.

Vous avez des racines dominicaines et vous enseignez la danse afro-antillaise aux enfants et aux adultes. Qu’est-ce que les gens peuvent apprendre sur une culture en apprenant leur danse?

Suzan : Il y a un dicton qui dit, si vous savez d’où vous venez, vous savez où vous allez. Les danses traditionnelles enseignent tant de choses sur une époque, sur les rituels de célébrations, sur la région et ses riches traditions. C’est fascinant d’explorer les racines des danses traditionnelles culturelles.

Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels?

Suzan : Il y a tant d’artistes talentueux dans la région, et je crois que le partage va dans les deux sens. La collectivité bénéficie de la richesse et de la diversité des artistes alors que les artistes locaux ont la chance de partager leur art grâce à des initiatives communautaires qui inspirent encore plus d’œuvres artistiques. Tout le monde y gagne! 

Depuis le début de la pandémie, vous proposez des séances virtuelles sur Facebook ainsi que des cours de danse afro-antillaise avec le Centre national des Arts. Maintenant, vous offrez aussi des ateliers virtuels par l’entremise de la programmation en ligne de MASC. Selon vous, quels sont les avantages de partager vos ateliers en ligne?

Suzan : La réalité est qu’au début de la pandémie, beaucoup d’entre nous, moi y compris, avaient besoin de réconfort et on l’a trouvé dans l’art de la pâtisserie et de la cuisine. En plus de cela, nous étions rivés à la télévision ou à la radio, recevant ainsi des mises à jour constantes. 

Cet été, Suzan Richards s’est retrouvée dans le quotidien Ottawa Citizen lorsqu’elle a lancé une invitation aux personnes âgées, les encourageant à danser. Photo gracieuseté de MASC.

Cet été, Suzan Richards s’est retrouvée dans le quotidien Ottawa Citizen lorsqu’elle a lancé une invitation aux personnes âgées, les encourageant à danser. Photo gracieuseté de MASC.

Il m’a semblé important d’encourager la communauté à contrecarrer ces activités sédentaires et à « changer de poste » pour pouvoir se centrer sur le bien-être de soi par le mouvement. Nous ne devons pas laisser le divan gagner! Les cours offerts sont amusants, de tous les niveaux, et peuvent se faire depuis une chaise tout en faisant bouger notre corps. Nous chantons et nous « groovons ». On invite les participants à boire beaucoup d’eau, ce qui est l’une des recommandations pour aider à lutter contre la COVID-19. 

Je suis également une artiste MASC qui offre des ateliers virtuels dans le cadre du nouveau programme en ligne que l’organisme a conçu pour les écoles et les organismes communautaires. C’est formidable d’avoir autant de façons d’atteindre de nouveaux publics!

En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et les communautés?

Suzan : Grâce à MASC, j’ai la chance de partager ma culture afro-antillaise à travers la danse et ainsi exposer les élèves, les adultes et les aînés à une culture qu’ils n’auraient pas connue autrement. Il n’y a rien de mieux que d’avoir la possibilité d’offrir une occasion d’apprentissage à travers les arts.