Entrevue avec Roslyn Bern, présidente de la Fondation Leacross

La fondation Leacross soutient depuis longtemps le MASC, et plus récemment le MASC Young Authors and Illustrators Festival. Jessica Ruano, directrice des communications du MASC, s’est entretenue avec Roslyn Bern, présidente de la fondation Leacross, pour savoir ce que l’éducation artistique représente pour elle.


La mission de la fondation Leacross est d’éduquer les femmes et les filles. Quels obstacles sexospécifiques à l’éducation continuez-vous d’observer aujourd’hui ?

Les femmes représentent 51 % de la population et nous ne sommes toujours pas présentes dans les hautes sphères des changements et des décisions qui affectent la société en général. Je travaille principalement avec des femmes et des filles dans les domaines des STIM, qui m’ont fait savoir qu’elles avaient du mal à trouver des modèles qui ont ouvert la voie. Je me bats pour faire tomber ces barrières, une bourse d’études, une bourse d’entretien, une expérience, un stage à la fois. Nous poursuivons ces attentes en soutenant des organisations comme MASC, une organisation qui montre aux jeunes des modèles artistiques, sans distinction de sexe.

Nous voulons uniformiser les règles du jeu afin de pouvoir dire à tous les enfants : vous n’avez pas à être ce que nous vous avons dit d’être dans le passé. Mais vous devez avoir ces modèles. 

Votre père a créé la fondation Leacross en 1993, et vous l’avez reprise en 2001. Comment la fondation a-t-elle changé au fil des ans, et en quoi est-elle restée la même ?

Lorsque j’ai rejoint la fondation familiale, j’ai réalisé, en tant que femme, que je voulais lui donner une autre direction. La philanthropie a changé : les donateurs veulent voir l’impact de leurs dons. C’est pourquoi je m’implique autant dans l’exécution des programmes dans les organisations à but non lucratif.

Depuis 2008, vous êtes l’un des principaux bailleurs de fonds de MASC au niveau organisationnel. Pourquoi avez-vous choisi initialement de soutenir MASC ?

Les cofondatrices de MASC, Jennifer Cayley et Jan Andrews, m’ont approché. J’aimais l’idée d’offrir des salaires équitables aux artistes et de présenter des modèles artistiques aux jeunes, quel que soit leur lieu de résidence dans la région du Grand Ottawa. 

Et pourquoi croyez-vous si fortement à l’éducation artistique ?

L’art reflète la société dans laquelle nous vivons : l’humanité, la brutalité, les inégalités, la bonté. L’éducation artistique permet aux jeunes esprits de se développer et d’exprimer ce qui n’est pas toujours facile à exprimer avec des mots.

La fondation Leacross a soutenu le très populaire MASC Young Authors and Illustrators Festival, ainsi que MASC’s Your Story Festival, où des élèves de collège et de lycée participent à une journée d’ateliers avec des auteurs et des illustrateurs professionnels. Quelle est, selon vous, la valeur de ces types de festivals ?

Je crois vraiment que le fait de parler à un auteur ou à un artiste authentique peut donner aux enfants une expérience qu’ils n’auraient pas eue autrement. Les jeunes sont alors dynamisés et enthousiastes à l’idée de partager leurs idées, sachant qu’un auteur ou un illustrateur accompli les soutient.

La valeur des festivals, après les trois dernières années de confinement, permet aux jeunes partageant les mêmes idées de se réunir et d’interagir d’une manière qui n’était pas possible au plus fort de la pandémie. Deuxièmement, l’acte même d’utiliser le corps, pour l’écriture, pour le mouvement, pour le design, permet le développement de voies neurologiques qui sont vitales pour le développement du cerveau de l’enfant. L’événement organisé au musée permet aux enfants d’expérimenter, de discuter, d’interagir et d’enquêter.

Qu’imaginez-vous pour l’avenir de MASC et de l’éducation artistique en général ?

Il est important pour des organisations comme MASC de continuer à permettre la créativité sous toutes ses formes, en particulier pour les jeunes esprits. Avec des modèles accomplis, les enfants vont créer ce qui n’a jamais été fait auparavant. C’est incroyablement puissant.

Série MASC : Abel Maxwell

Publié initialement sur Le Pressoir

Avec son enthousiasme contagieux, l’artiste éducateur Abel Maxwell maîtrise réellement l’art de capter l’attention et l’intérêt des élèves en leur transmettant sa passion pour la musique et les arts, tout en véhiculant des valeurs humanitaires basées sur l’estime de soi, la confiance, le respect des autres et la pensée critique. Il a fait ses études au Conservatoire Royal de musique de Toronto, au Conservatoire National de Lyon, en France, et a été récipiendaire de nombreux prix et reconnaissances honorifiques dont le prix UNESCO/International Humanitarian Fashion Week Community Achievement en 2016 en plus d’avoir été en lice dans la catégorie Meilleur interprète masculin au Gala Trille Or de 2015 et auteur « Best-seller » (Hollywood, 2014). 

Dans votre vidéo promotionnelle avec MASC, vous avez dit « nous pouvons apprendre à devenir de meilleurs humains grâce à l’art ». Comment cette conviction s’est-elle manifestée dans votre vie et votre travail? 

Abel : Je crois sincèrement que l’art nous aide à développer des compétences non techniques essentielles et des aptitudes clés qui sont nécessaires pour s’engager dans des interactions humaines significatives et positives dans toutes sortes de contextes. Je vois cette conviction se manifester chaque jour dans ma vie et mon travail, car l’art incarne des pensées, des sentiments et des émotions. Grâce à l’art, il est plus facile de transmettre des messages de tolérance et des efforts de collaboration pour favoriser une atmosphère pacifique entre êtres humains. 
 
Dans vos ateliers MASC, vous enseignez le chant, l’harmonie vocale, le rythme et le step-dancing. Outre le fait d’avoir l’air impressionnant sur scène ou sur la piste de danse, quelles compétences pensez-vous que les élèves retirent de ces ateliers? 

Abel : À travers le prisme de mon expérience, j’ai pu constater des aptitudes telles que l’augmentation de la coordination, l’amélioration de la mémoire, l’attention, la concentration, la socialisation et la compréhension grâce à l’activation des deux hémisphères du cerveau en maximisant l’apprentissage. 

De plus, les étudiants qui participent à mes ateliers en retirent d’autres compétences comme la créativité, la réflexion sur le vif, la communication et la collaboration avec autrui, tout en améliorant leur humeur et en réduisant le stress et la dépression. 

Au Canada, le Mois de l’histoire des Noirs a lieu chaque année en février. Quels sont les sentiments et les réflexions qui vous viennent à l’esprit à cette période de l’année? Comment choisissez-vous de souligner ce mois? 

Abel : Le Mois de l’histoire des Noirs est toujours l’occasion de reconnaître et de célébrer les grandes réalisations des héros noirs dans divers domaines, non seulement en sciences, en astrophysique ou en médecine, mais aussi en histoire, en droit, en musique et en sport.  

Comme ces héros ne font pas partie de nos programmes scolaires, il est important de mentionner au moins les noms des personnes qui ont laissé une marque indélébile sur l’humanité. Par exemple, Martin Luther King Jr, Nelson Mandela et Malcom X ont beaucoup contribué à la lutte contre le racisme, la violence et l’oppression. 

Cette année, j’ai choisi de reconnaître ce mois en sortant mon cinquième album studio dont la sortie est prévue le 22 février 2023 sur toutes les plateformes numériques. La soirée de lancement aura lieu à l’Université de l’Ontario français le 22 février à 16 h, en présence des médias locaux et de personnes influentes. 

En tant qu’artiste MASC, que retirez-vous d’offrir vos ateliers dans les écoles et au sein de la communauté? Comment le travail avec les élèves a-t-il inspiré votre pratique artistique?  

Abel : Il est important de laisser un héritage et d’influencer les générations futures avec les connaissances qui nous ont été transmises. J’espère inciter chez les jeunes plus de créativité, de flexibilité et de résolution de problèmes au moyen de la musique et de la danse. Puisque les jeunes sont l’avenir, il est nécessaire de créer des voies qui peuvent les inspirer à faire de grands choix pour la durabilité de l’humanité.  

MASC a contribué à jeter des ponts entre mon art et les écoles. De nombreux élèves ont profité de mes ateliers et ont été encouragés à poursuivre l’excellence, quelle que soit la branche dans laquelle ils décident de se consacrer. Et le lien s’étend au-delà de la salle de classe : certains élèves continuent de me suivre sur les médias sociaux! 

Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté d’avoir accès à des artistes professionnels? 

Abel : Je crois humblement que les artistes professionnels sont un modèle pour explorer de manière créative les possibilités, y compris les valeurs humaines, dans tous les domaines de la vie. 

Avoir accès à des artistes professionnels permet à la communauté locale de réfléchir de manière critique, de s’instruire tout en se divertissant, mais surtout d’être inspirée pour faire la différence en encourageant une passion pour la paix entre les humains, quelles que soient leurs origines et leurs croyances. 

Les artistes professionnels aident les élèves à sortir des sentiers battus ou, mieux encore, à faire preuve d’imagination!

Entrevue : Luciano Porto partage avec les jeunes la culture, la danse et la musique brésiliennes

L’éducateur et interprète Luciano Porto enseigne la musique et le mouvement aux écoliers de tout âges de l’Ontario depuis 18 ans. En tant que membre de la liste d’artistes de MASC et d’ELAN, il a touché des communautés du nord au sud et dans l’est de l’Ontario et du Québec. Le style d’enseignement de Luciano traverse les barrières culturelles et stimule la curiosité, la créativité, la concentration et la tolérance au sein des groupes les plus divers. 

En tant qu’éducateur artistique, vous vous êtes consacré au partage de la culture, de la danse et de la musique brésiliennes avec les jeunes. Qu’est-ce qui a inspiré ce cheminement de carrière ?

En raison de problèmes chroniques aux poignets dus à divers travaux physiques, j’ai commencé à chercher un travail qui ne nécessitait pas de soulever des charges lourdes ou des mouvements répétitifs, et j’ai fini par travailler dans une garderie à Toronto.

En travaillant avec des enfants d’âge scolaire pendant plusieurs années, j’ai dû concevoir des activités artistiques créatives qui pouvaient retenir l’attention d’un groupe d’enfants agités. J’ai utilisé la musique, les tambours et les formes d’art culturels brésiliens, qui étaient au cœur de toutes mes activités artistiques personnelles à l’époque.

La danse et les tambours brésiliens sont des liens communautaires très puissants et impliquent traditionnellement toutes les tranches d’âge ; des enfants aux personnes âgées. Les groupes de danse et de tambour auxquels je participais à Toronto à l’époque n’avaient pas cet élément multigénérationnel. Je voulais donc faire vivre ces expériences aux enfants avec lesquels je travaillais.

Les garderies et les écoles voisines ont vite compris ce que je faisais et ont commencé à demander mes ateliers. Cela a conduit à une évolution naturelle vers une carrière qui est devenue mon principal objectif !

Vous avez récemment participé en tant qu’échassier à divers événements, dont Taste of Wellington West et la Fin de semaine des courses d’Ottawa. Que pouvez-vous nous dire sur le processus de monter sur échasses ?

Monter sur des échasses demande avant tout un esprit d’aventure. Ensuite, il faut être en grande forme physique, c’est-à-dire avoir de la force. J’ai eu la chance de posséder ces deux qualités dès mon plus jeune âge.

Le processus consistant à attacher ses jambes à de longs bâtons doit être guidé si possible. Pour cela, j’ai eu un merveilleux mentor à Toronto, Esra Houser, qui s’est entraînée avec les célèbres danseurs d’échasses de Trinidad, où les traditions d’échasses sont très fortes. Le fait de se voir enseigner directement des tours de maître aide vraiment !

Après plusieurs essais, cela devient une seconde nature. C’est comme faire du vélo ! Les enfants qui ont vraiment peur ont tendance à mettre plus de temps à se tenir en équilibre sur un vélo, mais s’ils persistent, ils apprennent inévitablement et n’ont plus peur de tomber.

Luciano sur échasses à la Fin de semaine des courses d’Ottawa. Avec l’aimable permission de Wellington West BIA.

Dans votre programme MASC Créez votre Carnaval, vous créez des costumes, des masques et des instruments de musique avec des enfants de tous âges, et vous les guidez dans la présentation de leur propre spectacle de carnaval. Comment apportez-vous l’esprit du carnaval brésilien dans vos ateliers, tout en encourageant les participants à s’approprier le spectacle ? 

Il est très difficile d’introduire le véritable esprit du carnaval brésilien dans une salle de classe. Mais j’essaie de me connecter à toute l’intensité des émotions que j’ai ressenties aussi bien dans les rues du Brésil qu’à Toronto lors de divers défilés où je me produisais dans des ensembles de tambours et d’échasses. Pour créer de l’énergie dans la pièce, je commence à jouer du tambour, à chanter et à danser devant les enfants – parfois en costume complet.

Après avoir attiré l’attention des enfants, tout semble couler de source pour moi. Ma priorité est de faire bouger les enfants, de les faire jouer et de leur faire vivre une expérience qui sort de l’ordinaire.

La plupart des enfants ne semblent pas avoir de mal à s’approprier le spectacle. Le principal défi consiste à coordonner tous les esprits créatifs pour qu’ils fassent quelque chose de cohérent  ensemble.

J’utilise l’expérience des tambours brésiliens pour structurer les choses : des rythmes traditionnels simples, des chansons et des étapes que tout le monde peut suivre. Une fois que tout le monde a appris à suivre un rythme et un mouvement de base, c’est une question d’équilibre entre donner aux enfants un peu d’espace pour s’écarter et les ramener dans une harmonie collective.

Presenting a Brazilian Carnaval performance. Photo provided by MASC.

En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté? Comment le travail avec les élèves a-t-il inspiré votre pratique générale? 

Dans notre société moderne, riche et privilégiée, il existe encore de nombreux obstacles à l’accès aux arts et à la culture pour de nombreuses communautés. Bien que les ressources financières existent, elles ne sont pas souvent orientées vers le bien-être des gens, ce qui se traduit, entre autres, par des coupes dans le financement des arts et de la culture. Je ne cesse de le constater, des salles de classe aux rues où j’ai amené mon art. La possibilité d’élargir ma pratique en tant qu’éducateur artistique pour atteindre le plus grand nombre possible d’enfants et d’adultes qui peuvent bénéficier des expériences que je facilite est au cœur de ma motivation.

C’est là que des organisations comme MASC peuvent vraiment soutenir les artistes, comme moi, et les communautés locales qu’elles servent. Créer des ponts entre les artistes et les endroits où ils sont nécessaires. MASC m’aide également à me concentrer sur la prestation de mes programmes artistiques en s’occupant de la partie administrative des contrats. J’ai toujours été un entrepreneur et j’ai tout fait, du marketing à la négociation de contrats, en passant par les subventions et la logistique pour tous mes engagements musicaux et éducatifs, alors j’apprécie pleinement ce que fait le personnel de MASC. Au bout du compte, je me sens plus artiste !

Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels ?

Les arts sont ce qui nous rend véritablement humains. Ils lient les gens dans l’expression de leurs émotions et de leurs expériences. Ils unissent les communautés lors de rassemblements et de célébrations. Ils nourrissent les profondeurs de notre désir d’entrer en relation les uns avec les autres.

Une personne qui a consacré tant d’heures de sa vie à une forme d’art devient une incroyable source d’inspiration pour tous ceux qui s’intéressent à cette forme et à ce support. Les artistes agissent comme des aimants, des catalyseurs de communautés dynamiques.

Infolettre de novembre

Novembre déjà ? Le temps passe vite quand on est créatif ! Lisez notre infolettre pour les mises à jour et les meilleurs moments de MASC, incluant notre campagne Mardi je donne, de nouvelles personnes au sein de l’équipe MASC, et la tournée dans le nord de Louis Mercier.

Entrevue MASC : Sultans of String célèbrent et partagent la musique du monde entier

Publié initialement sur Le Pressoir

Sultans of String ont été nommés trois fois aux JUNO et ont remporté des prix SiriusXM. Enthousiasmant leur public avec leur passeport pour les reels celtiques, le flamenco, le Django-jazz, les rythmes arabes, cubains et sud-asiatiques, les Sultans of String célèbrent la fusion musicale et la créativité humaine avec chaleur et virtuosité. Ils ont récemment remporté le prix du meilleur film musical au Festival des films du monde de Cannes pour The Refuge Project – Visual Album. Le chef d’orchestre Chris McKhool parle des projets à venir et de la magie d’être un artiste MASC.

Sultans of String. Photo: Jake Jacobsen.


Selon la rumeur, vous récoltez des fonds pour soutenir les collaborations à venir avec une liste impressionnante d’artistes autochtones (dont Crystal Shawanda, Don Ross et Dr. Duke Redbird) de toute l’île de la Tortue. Qu’est-ce qui a inspiré ce projet et qu’espérez-vous en retirer ?

Oui, nous enregistrons actuellement notre neuvième album, une magnifique collection de collaborations avec des artistes des Premières nations, métis et inuits de l’île de la Tortue et du Canada. Nous voulons faire une différence dans le monde avec la musique que nous jouons, alors nous faisons cet album dans l’esprit des 94 appels à l’action et du rapport final de la Commission de vérité et de réconciliation, qui demande aux peuples autochtones et non autochtones de travailler ensemble pour montrer la voie à suivre.  

Nous savons qu’en tant que société, nous ne pouvons pas aller de l’avant sans reconnaître le passé et y réfléchir. C’est pourquoi nous avons invité des artistes autochtones à partager avec nous leurs histoires, leurs expériences et leurs vies, afin que nous, Canadiens colonisés, puissions continuer à apprendre l’histoire des pensionnats, du génocide culturel et des répercussions intergénérationnelles de la colonisation. 

Sultans of String. Photo: David McDonald.

Sultans of String existe depuis 2007 et vous avez travaillé avec de nombreux autres artistes. Au cours de ces quinze dernières années, qu’avez-vous appris sur ce qui fait une bonne collaboration ?

Pour nous, tout commence par une idée, quelque chose qui nous semble important et qui doit être dit, puis par l’organisation et la prise de contact avec les personnes avec lesquelles nous voulons partager des voix et des opinions. À partir de là, nous avons besoin d’un espace et d’une plateforme où chacun peut être entendu de manière égale et peut contribuer à la chanson. Nous devons également être ouverts à de nouvelles idées, qui peuvent être différentes des nôtres, et travailler ensemble à l’élaboration d’une déclaration ou d’une œuvre d’art qui reprend les éléments de toutes les idées que les gens apportent. 

Dans notre projet actuel, nous collaborons avec le groupe Northern Cree, qui crée une musique de pow-wow qui ne correspond pas à la forme typique de nos chansons. Cela demande plus d’écoute et un travail approfondi pour trouver comment faire le lien entre nos deux mondes musicaux sans interférer ou changer le cœur de ce que fait Northern Cree. Les pièces sont finalement tombées en place, et nous avons trouvé la clé et déverrouillé la voie pour que les mondes musicaux se connectent d’une manière respectueuse. La pièce s’est développée à partir de là, en ajoutant des harmonies et une orchestration de cordes, et elle ne cesse de se transformer et de changer. C’est comme regarder un arbre pousser à partir d’une graine, juste devant nos yeux.

Sultans of String. Photo: Kevin Kelly.

En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté ?  
 
J’aime vraiment partager la musique et les histoires à travers les arts, avec des publics de tout âge. C’est un excellent moyen d’entrer en contact avec d’autres personnes et de partager des pensées et des idées qui sont importantes pour moi, car il y a un élément de construction communautaire dans les présentations que nous développons. Bien sûr, il ne s’agit d’un concert que s’il y a un public, et en tant qu’artistes, nous nous reconnaissons dans la musique. 

Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels? 

Pour certains, l’école est le seul endroit où ils peuvent être exposés aux arts, il est donc très important que nous proposions des œuvres artistiques de haut niveau aux élèves. Les jeunes, tout comme les adultes, utilisent les arts pour donner un sens au monde qui les entoure, ainsi qu’aux sentiments complexes qu’ils éprouvent intérieurement. 

En tant que jeune musicien, j’ai été personnellement très inspiré par les spectacles que j’ai vus tout au long de mes années de primaire et de secondaire, et cela a été une partie très importante de mon développement pour devenir moi-même un artiste. J’ai été exposé à des concerts présentés à mon école, à des spectacles dans la communauté, et j’ai même vu l’Orchestre du Centre national des Arts. Ces expériences faisaient toutes partie de l’image globale que je me faisais de la profondeur et de l’étendue de ce qui était possible sur le plan musical.   

Série MASC : entrevue avec Janie Renée

Félicitations pour avoir rejoint le répertoire des artistes MASC ! Vous proposez un tel éventail de programmes en anglais et en français, de la poésie au théâtre, de la musique au théâtre d’ombre. Comment est-ce que toutes ces disciplines artistiques sont venues s’intégrer dans votre parcours ?  

Ahhhh….quand on est artiste, et qu’on a pas de grands moyens financiers pour faire des vidéos, on fait des découvertes sensationnelles en utilisant les moyens du bord!  Marionettes, décors de carton, théâtre d’ombre font partie de ces découvertes. J’ai expérimenté, j’ai testé, j’ai appris…et je veux partager toutes ces découvertes avec les clients de MASC. Pour la poésie et l’écriture de chansons, c’est une passion qui m’habite depuis que je suis toute petite parce que j’ai écrit ma première chanson à l’âge de 11 ans. Je crois être devenue une “maître” de mots: je les ai apprivoisés au fil des années.


Nous avons hâte de célébrer la Journée des Franco-Ontariennes et des Franco-Ontariens le 25 septembre. Vous faites carrière en musique depuis longtemps en Ontario français, et vous connaissez très bien les artistes qui ont forgé les fondations de la musique franco-ontarienne. Quelles sont les choses que la plupart des gens ne savent pas sur les racines de cette musique? 

Quand la chanson franco-ontarienne s’est développée, il y avait deux foyers de création qui étaient différents de par leur géographie, mais aussi de par leurs circonstances et leurs créations.  Donc, y’a eu de l’effervescence dans la région d’Ottawa, et dans le nord- dans la région de Sudbury. On parle plus souvent du nord que du reste quand on parle de l’histoire de la chanson franco-ontarienne.  Peut-être était-ce à cause de la différence de leurs créations respectives.  La première chanson franco-ontarienne qui a eu une reconnaissance internationale était une chanson d’une artiste de la région d’Embrun, Monique Brunet, qui a gagné la palme du festival de Spa en Belgique vers 1967.  C’était peut-être une femme la première franco-ontarienne reconnue pour ses chansons! (Pour un peu de perspective: Paquette est arrivé dans les années 1970, CANO en 75, Paul Demers et Purlaine en 78).

Dans votre biographie, vous dites que vous êtes particulièrement intéressé par le jazz et la polyrythmie. La plupart des gens savent ce qu’est le jazz ! Mais comment décririez-vous la polyrythmie et pourquoi vous y intéressez-vous ?

En fait, je vais préciser que les gens connaissent mal le jazz et l’associent par défaut au free jazz—des accords parfois ténus et dissonants, et peu de structure apparente et des solistes un peu fous et virtuoses.  Mais dans le jazz chanté, force oblige, il faut avoir une structure et un ordre relatif.  En plus, écrire du jazz en français, c’est difficile à cause de la prosodie- la façon dont les mots et la cadence du texte doivent épouser la rythmique et la mélodie.   La polyrythmie, c’est la superposition de rythmes qui fait place à des syncopes et souvent le “swing” du jazz: ce sont des rythmes plus complexes mais super intéressants!  Les grands jazzmen (Stan Getz, Charlie Byrd, Herbie Mann, Gillespie, Goodman, Hawkins, Brubeck etc.) ont tous fait des incursions vers les rythmiques brésiliennes, cubaines, martiniquaises et africaines parce qu’elles sont composées de polyrythmes et que ça leur donnait des idées de plus pour développer d’autres formes de jazz.

En tant qu’artiste MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté? Comment le travail avec les élèves a-t-il inspiré votre pratique générale? 

De nature, je suis une personne qui aime beaucoup l’esprit du partage et la médiation culturelle, donc c’est naturel de le faire sous forme d’ateliers.  J’aime constater les déclics, accompagner l’exploration et le développement de nouvelles habiletés avec les participants.  Et en général, j’ai un atout “magique” pour aider les participants dans leur création, pour qu’ils soient fiers de ce qu’ils accomplissent. 

Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels?

L’art sous toutes ses formes est à la fois un moyen socialement acceptable d’extérioriser un vécu ou un ressenti, et c’est aussi un endroit où l’exploration, la découverte et la connectivité sont permises.  (Y’a moins de formatage dans les arts que dans les mathématiques ou le résultat final est dirigé, exigé et où il n’y a qu’une seule réponse possible.  Mais comme tout fait partie de tout, les maths, ça peut être utile pour créer… ) L’inspiration et la création est à la portée de tous.  C’est malheureux que les systèmes (gouvernements) n’accordent pas une place importante aux arts ou à l’expression: on constate que ça devient une aventure solitaire (un élève qui prend des cours de musique ou d’art) plutôt que des activités fédératrices ou des projets de communautés, des bouillons de création et des projets qui n’entrent pas dans les cases!

Le Festival Awesome Arts en folie revient à Ottawa

MASC tient le Festival Awesome Arts en folie le 14 avril 2022, de 18h à 20h, diffusé en direct à travers le Canada depuis la Galerie d’art d’Ottawa (GAO). Mettant en vedette les œuvres d’enfants, de jeunes et de personnes âgées de la Basse-Ville, de la Côte-de-Sable, de Vanier et du parc Riverside, la soirée célébrera la résilience et la diversité des artistes et des communautés d’Ottawa. 

Les têtes d’affiche de cet événement bilingue sont les artistes MASC Expériences autochtones, Jacqui Du Toit, Kuljit Sodhi, Medhi Cayenne, et Simon Brascoupe. Suzan Richards, professeur de danse afro-antillaise, animera la soirée et DJ Seiiizi dirigera le pré-festival.

La soirée comprendra également des performances de groupes en résidence à l’École élémentaire publique Francojeunesse, à l’école élémentaire Sainte-Anne, à Viscount Alexander Public School, et à York Street Public School, dirigés par Wise Atangana, JustJamaal ThePoet, Jacqui Du Toit, Tina Le Moine, Kuljit Sodhi, Junkyard Symphony, Fana Soro et Compagnie de danse Bboyizm, ainsi qu’un montage de peintures murales communautaires dirigées par Claudia Salguero, Kseniya Tsoy, Jimmy Baptiste et Nicole Bélanger.

« Arts en folie a été un événement intergénérationnel très positif dans notre communauté! Il donne l’occasion à divers esprits créatifs de se réunir et de partager leur point de vue à travers l’art. »

Mathieu Fleury, conseiller municipal du quartier Rideau-Vanier à Ottawa, qui sera présent au festival de cette année.

En plus de la soirée de célébration, les visiteurs de la GAO entre le 25 mars et le 17 avril pourront voir la murale créée par Nicole Bélanger et les élèves de l’École élémentaire publique Francojeunesse. Chaque élève a créé une pièce individuelle qui, placées ensemble, forment la murale exposée à la GAO.

« MASC a franchi de nombreuses étapes au cours des deux dernières années. Nous avons perfectionné notre programmation en ligne, et maintenant nous sommes prêts à explorer un modèle hybride qui est encore plus inclusif pour les communautés que nous servons. De plus, avez-vous vu notre programme? Canada, vous allez être gâtés. » 

Jessica Ruano, directrice du programme communautaire de MASC.

Cette année, le festival Awesome Arts en folie est soutenu par Reprise en Ontario, Ottawa Bilingue (ACFO), le Centre de santé communautaire Côte-de-Sable, le Boys & Girls Club, les Marchés d’Ottawa, l’Association communautaire de la Basse-Ville, le Centre de ressources communautaires de la Basse-Ville, la Galerie d’art d’Ottawa, Christie Lake Kids et l’Association communautaire de Riverside.

À propos d’Arts en folie :

Arts en folie est un programme communautaire qui permet aux participants de tous âges d’explorer des questions importantes pour leur communauté par le biais des arts. Organisé en partenariat avec des organismes communautaires, Arts en folie propose une série d’ateliers passionnants dans toutes les disciplines artistiques qui se terminent par une célébration publique. Le festival Arts en folie rassemble la communauté pour une soirée de célébration au cours de laquelle les participants partagent leurs créations. Le festival présente également des artistes professionnels, ce qui incite l’ensemble de la communauté à rester connectée aux arts et aux enjeux.

À propos de MASC :

MASC donne vie aux arts et à la culture pour plus de 120 000 enfants, jeunes, enseignants et personnes âgées chaque année. Fondé il y a 30 ans, cet organisme artistique communautaire d’Ottawa compte 138 artistes professionnels d’origines diverses qui proposent des ateliers, des spectacles, des programmes d’artistes en résidence et des activités de perfectionnement professionnel dans toutes les disciplines artistiques, notamment la musique, la danse, le théâtre, les arts littéraires, les médias et les arts visuels. MASC propose actuellement plus de 600 programmes, dont 200 sont offerts virtuellement aux écoles et aux communautés du Canada. MASC est soutenu par le Conseil des arts de l’Ontario, le Conseil des arts du Canada, la Ville d’Ottawa, la Fondation Trillium et la Fondation Leacross.

À propos de la Galerie d’art d’Ottawa :

La GAO est un organisme de bienfaisance indépendant, sans but lucratif, dirigé par un conseil d’administration bénévole. Elle a été fondée en 1988 sous le nom de Galerie de la Cour des arts par un groupe d’artistes locaux et de leaders communautaires et a été rebaptisée Galerie d’art d’Ottawa en 1992. En tant que chef de file de la communauté artistique, la GAO présente de nouvelles idées et offre un lieu de rencontre culturel afin de promouvoir activement les relations et les échanges entre les artistes et les diverses facettes de notre communauté. La GAO explore et réfléchit à la diversité et au changement social par le biais d’un éventail de pratiques en arts visuels, axées sur la région, mais pas exclusivement, dans un contexte national et international. Au fil du temps, la GAO a constitué une importante collection permanente qui compte désormais plus de 1 020 œuvres, dont des peintures, des sculptures, des arts graphiques, des photographies et des nouveaux médias.

C’est la Renaissance qui mène à la RenaiDanse!

Le Festival de danse en milieu scolaire (FDMS) est de retour la semaine prochaine, avec quatre journées complètes d’ateliers de danse pour les élèves dans les écoles francophones à travers l’Ontario du 22 au 25 mars.

Les participants inscrits auront l’occasion de travailler avec des danseurs, danseuses et chorégraphes professionnels, notamment Mona Kiame (danse libanaise), Brad Lafortune (gigue métisse), Fana Soro (danse africaine), Ester America (danse espagnole), Bboy Effect (house), Myrielle Bernier-Acuna (swing et contemporain), Janie Pinard (comédie musicale), Sylvie Bouchard (contemporain) et plus encore!

L’année dernière, le festival s’est déroulé pour la première fois de façon virtuelle, et cette année, ils explorent un modèle hybride. Grâce aux changements dans les mesures sanitaires en milieu scolaire, quelques ateliers de création auront lieu en personne dans certaines écoles d’Ottawa et Sudbury.

Série MASC : une entrevue avec l’artiste vidéaste Shaun Elie

Cette entrevue a été originellement publiée sur Le Pressoir

Shaun Elie est un artiste vidéaste installé à Ottawa qui propose des ateliers pouvant s’adapter à toutes sortes de situations. Il travaille avec MASC depuis plus de 15 ans en offrant aux élèves anglophones et francophones des petits ateliers et des ateliers en résidence. Il collabore aussi avec d’autres artistes MASC lors de grands événements et festivals. Dans cette entrevue, il partage ses réflexions sur la nature évolutive de la technologie et sur la façon dont cela influence son approche dans les salles de classe et au sein des communautés. 

Comment décririez-vous votre vie professionnelle en tant qu’artiste vidéaste? Comment les choses ont-elles changé pour vous au fil des années? 

Shaun Elie : C’est toujours différent! La technologie a beaucoup changé au fil des années : la taille des caméras et des équipements a diminué à mesure que la qualité s’est améliorée. Ce qui occupait tout le coffre et le siège arrière de ma voiture tient maintenant dans un sac à dos. La manière dont nous consommons la vidéo a également beaucoup évolué. En tant qu’artiste vidéaste, j’avais l’habitude de travailler avec des projections à grande échelle. Aujourd’hui, la plupart des vidéos sont consommées sur des petits appareils. L’évolution permet donc une plus grande participation et un plus grand engagement auprès du public.  

De nos jours, la vidéo est consommée plutôt que vécue. Je pense que la vidéo en tant qu’expérience est importante et c’est quelque chose que j’essaie de partager avec mes élèves en plus de l’exprimer à travers mon propre travail.  

En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté?  

Shaun Elie : Travailler en collaboration avec de nouveaux esprits créatifs est une expérience très enrichissante. La vidéo est un média qui favorise la collaboration et qui me permet d’accéder à une variété de talents chez les élèves et de nourrir ces talents. C’est inspirant de voir comment les groupes abordent un problème donné ou sous quel angle ils approchent un projet.   

Portrait de l’artiste vidéaste Shaun Elie. Gracieuseté de MASC.

Portrait de l’artiste vidéaste Shaun Elie. Gracieuseté de MASC.

Grâce à mes nombreuses années d’expérience avec MASC, j’ai travaillé avec des milliers d’élèves sur des centaines de projets; chacun de ces projets étant une expérience nouvelle et distincte : de l’animation image-en-image à la projection sur écran vert en passant par la création de projections vidéo pour des performances artistiques en direct et la documentation d’événements. Nous avons créé des installations artistiques avec des galeries locales ainsi que des performances artistiques publiques de style guérilla. La vidéo offre une souplesse de création et une diversité d’expression qui me plait beaucoup.    

J’ai également eu l’occasion de collaborer avec d’autres artistes par le biais de MASC. J’ai récemment travaillé sur une pièce, «La plus grosse poutine du monde», avec Vox Théâtre et le Théâtre la Catapulte, où j’ai créé des décors vidéo pour la production. J’ai également créé du contenu vidéo pour compléter les performances en direct des élèves pour Awesome Arts en folie et le Festival de danse en milieu scolaire. Qu’il s’agisse de danseurs, d’artistes visuels, de musiciens ou d’acteurs, je suis passionné par les collaborations avec les artistes et les organismes artistiques d’ici et je suis fier d’utiliser mes talents pour élever la multitude de beau travail qui se fait dans cette ville.  

Au risque de dévoiler mon âge, j’ai remarqué que de nos jours, les enfants sont si rapides avec la technologie! Trouvez-vous que vous devez constamment adapter vos ateliers pour suivre les capacités, les intérêts et les médias préférés des élèves?    

Shaun Elie : Dans les premières années, j’ai découvert que j’initiais les élèves aux nouvelles technologies telles que les caméras vidéo, les ordinateurs portables, l’éclairage et l’équipement audio qu’ils connaissaient peut-être, mais avec lesquels ils n’avaient pas nécessairement d’expérience pratique. Maintenant, j’ai un peu modifié mon approche : mon objectif est plutôt d’utiliser le matériel déjà disponible, comme leurs propres appareils, de manière créative pour réaliser leurs œuvres. Je vise l’adoption de nouvelles tendances, mais j’aime bien explorer l’histoire derrière ces tendances, comment ont-elles évolué et où pourraient-elles nous mener.  

L’essence de l’atelier reste la même; j’essaie de donner aux élèves suffisamment de techniques de base pour comprendre le médium et ensuite créer un environnement qui permet de briser toutes les règles.  

Dans vos résidences, vous offrez aux participants la possibilité d’explorer les thèmes principaux et les questions clés de leur travail vidéo. Quels types d’idées avez-vous remarqué récemment? Qu’est-ce qui semble être important pour les jeunes d’aujourd’hui?   

 Shaun Elie : Les élèves tenteront souvent de recréer des scènes de films, de spectacles, de mèmes ou de l’application Tik Toks. Parfois, les élèves cherchent à utiliser leur voix pour aborder des thèmes plus personnels et j’aime encourager ce genre de travail. Que le travail soit personnel ou absurde, j’aime remettre en question la façon dont les élèves abordent le travail avec la vidéo afin de rompre leurs idées préconçues sur le rôle de la vidéo dans nos vies et en tant que médium d’expression artistique.    

Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels?   

Shaun Elie : Les artistes apportent une perspective différente en classe. Leur présence donne aux élèves la possibilité de s’épanouir sur le plan créatif et souvent de découvrir des talents cachés. Avoir un artiste professionnel qui guide et encourage les élèves peut être une expérience très gratifiante. Cette validation peut être une grande source d’estime de soi et de motivation pour les élèves qui souhaitent poursuivre d’autres projets et surmonter les défis. 

Série MASC : une entrevue avec Créations In Vivo

Cette entrevue a été originellement publiée sur Le Pressoir

Créations In Vivo est un organisme artistique voué à la création d’œuvres nouvelles à partir de textes, de poèmes, de concepts esthétiques ou artistiques. Les membres de l’organisme offrent également de la formation, ce qui leur permet chaque année de parcourir l’Ontario pour donner des ateliers dans les écoles secondaires grâce au programme « Artistes aux 4 coins ». Leurs productions conviennent naturellement à différents publics selon leurs démarches artistiques. Les membres des Créations In Vivo contribuent à l’émergence d’une relève artistique talentueuse qui saura en intéresser plus d’un aux arts de la scène et, donc, à la vitalité culturelle francophone. 

Dans cette entrevue de la série MASC, le fondateur Stéphane Guertin et le directeur artistique Éric Perron parlent de leur approche, de création artistique et du partage théâtral. 

Votre mandat vous définit comme un organisme artistique voué à la création d’œuvres uniques qui fusionnent les visions, les cultures et les individus. Il existe une tendance à diviser la pratique artistique en fonction de la discipline. Quels avantages voyez-vous dans une approche multidisciplinaire? 

Éric : Le théâtre étant déjà un art pluridisciplinaire, il s’enrichit encore davantage lorsqu’il se mêle et se frotte à d’autres formes d’art ou de traditions. C’est pour cette raison qu’il n’est pas rare de voir dans nos spectacles de la danse, du cirque, de la marionnette ou de la chanson. Il en va de soi pour nous que nos spectacles intègrent d’autres formes d’art, parce que chaque forme d’expression artistique a ses propres codes qui nous permettent de mieux articuler et d’enrichir notre travail. Ces réflexions sont au cœur de notre travail, et nous permettent de nous surprendre et d’aller là où nous ne n’y attendions pas. 

Créations In Vivo a été fondée en 2007 et dès 2008 (et encore en 2009, 2012 et 2019!), vous avez remporté le prix Coup de foudre scolaire de Réseau Ontario, un prix qui vous a permis de faire une tournée dans les écoles de l’Ontario français. Vous attendiez-vous à ce succès rapide? Comment avez-vous géré la suite?

Stéphane : Bien sûr, on ne s’attendait pas à ce succès presque instantané! C’était une bien heureuse surprise qui comportait son lot de défis. Il a fallu rapidement développer des protocoles et structurer les opérations de la compagnie pour répondre à la demande. Cela s’est fait en discutant avec d’autres organismes similaires et en prenant des formations en gestion. Les premières années ont été folles, surtout que l’organisme n’avait pas encore les bases financières pour avoir du personnel administratif à temps plein. Je me rappelle la tournée de La pluie de bleuets où il fallait faire signer plus d’une centaine de contrats aux écoles par télécopieur, à l’époque! Le jour, j’étais en représentation et la nuit, je travaillais sur les contrats! 

Photo tirée du spectacle 20 000 lieues sous les mers des Créations In Vivo. Photo : François Ouimet

Photo tirée du spectacle 20 000 lieues sous les mers des Créations In Vivo. Photo : François Ouimet

Vous avez collaboré sur plusieurs productions internationales avec des artistes situés dans d’autres régions du monde. La pandémie nécessitant des interactions en ligne, quels sont les défis et les occasions qui vous ont été présentés en travaillant avec des artistes locaux et internationaux? 

Stéphane : Le principal défi lorsqu’on développe un projet sur plusieurs continents est de comprendre la manière de travailler de chacun et de trouver un terrain commun. Il faut aussi comprendre les réalités de chacun, entre autres avec les technologies de communication, et s’ajuster. Par exemple, lorsque nous avons travaillé le spectacle La neige, c’est quoi?, une partie de l’équipe de création était au Burkina Faso, une autre en France et nous étions ici, au Canada. Les connexions internet n’étaient pas toujours suffisantes sur le continent africain pour faire des sessions de travail vidéo. Il a donc fallu trouver des moyens d’avancer sur le projet par d’autres moyens. On perd parfois un peu de rapidité, mais on gagne un peu de réflexion au cours de la création. 

Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels?

Éric : Parce que les artistes professionnels d’ici sont les meilleures portes d’entrée sur les arts de la scène. Ce sont aussi les mieux placés pour transmettre leurs connaissances aux jeunes qui sont nos futurs artistes et publics. Quoi de mieux que de recevoir une formation directement des meilleurs!

Enfin, la rencontre des jeunes avec leurs artistes professionnels locaux leur démontre clairement qu’il est possible pour eux aussi de devenir artistes professionnels en français dans leur communauté et de déjà se familiariser avec les rouages de base de ce métier.  

Stéphane : Tout adulte qui travaille avec les élèves devient un modèle qui peut les aider à former leur propre identité. L’expérience artistique devient une expérience humaine, et tant mieux si on a pu inciter les élèves à s’intéresser aux arts, à la culture francophone et au dépassement de soi.    

Photo tirée du spectacle Charly dans le désert des Créations In Vivo. Photo : Stéphane Guertin

Photo tirée du spectacle Charly dans le désert des Créations In Vivo. Photo : Stéphane Guertin

En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté?

Éric : Les ateliers que nous proposons aux écoles sont pour nous une façon de créer des ponts entre notre communauté et nos artistes. C’est aussi une façon pour nous d’exposer les jeunes à notre travail tout en sachant que dans certains cas, ce sera la première fois que les élèves seront exposés à cette forme d’art. Quand on revoit plus tard ces jeunes dans nos salles de spectacle, ça nous fait toujours plaisir! C’est aussi, enfin, une façon pour nous de remplir notre mission de faire vivre les arts de la scène en français, à Ottawa. 

Stéphane : Ça fait maintenant une quinzaine d’années que j’offre des formations dans les écoles. J’ai eu la chance de voir grandir certains élèves qui étaient, à l’époque, timides et réservés et qui, maintenant, ont des carrières artistiques très intéressantes. C’est assez formidable comme métier de sentir qu’on peut faire une différence dans la vie de quelqu’un… et même d’en voir le résultat quelques années plus tard! 

Série MASC : une entrevue avec Crazy Smooth, fondateur de Bboyizm

Cette entrevue a été originellement publiée sur Le Pressoir

Yvon Soglo (B-boy Crazy Smooth), fondateur de la compagnie de danse Bboyizm, danse depuis plus de dix ans. Au fil des années et avec l’expérience accumulée, cet artiste originaire d’Aylmer est devenu l’un des meilleurs danseurs de rue du Canada. Il a notamment enseigné aux acrobates du Cirque du Soleil et s’est produit au festival de musique Nancy Jazz Pulsations, en France. Soglo se consacre à perpétuer la culture de la danse de rue dans le monde des arts du spectacle avec la devise « danser pour s’exprimer et non pour impressionner ». Dans cet entretien, Soglo parle de la vulnérabilité de la culture hip-hop et de l’importance de rester enraciné dans sa communauté.

Jessica : D’abord, félicitations pour avoir reçu le prix Clifford E. Lee 2020 du Banff Centre for Arts and Creativity pour votre travail de danse IN MY BODY! Cette œuvre traite du vieillissement au sein du milieu de la danse de rue. Vous affirmez notamment ceci : « On dit que la chose la plus courageuse qu’un danseur puisse faire est de vieillir. Pour un b-boy ou une b-girl, l’expérience se rapproche de l’héroïsme ». Pourquoi est-ce un message important à communiquer à propos de votre communauté?

Crazy Smooth : Au secondaire, j’écoutais des rappeurs qui ont maintenant atteint la cinquantaine. La plupart d’entre eux rappent toujours sur les mêmes sujets. On ne parle pas du fait d’avoir traversé une période difficile, de se remettre d’une dépression. Il y a une certaine bravade qui existe chez les artistes qui pratiquent notre forme d’art. Nous agissons comme si nous étions éternels et invincibles. La vulnérabilité n’est normalement pas célébrée, elle est plutôt considérée comme tabou. Mais je pense qu’il y a quelque chose de beau à s’ouvrir de cette façon. 

J’essaie d’écrire sur des choses qui sont réelles pour moi, de m’exprimer sur la réalité que je vis en ce moment. Je regarde à ma gauche et je vois ma jeunesse; je regarde à ma droite et je vois où je m’en vais. Je peux toujours faire les mêmes choses que lorsque j’étais plus jeune, mais les conséquences sont différentes. Je viens d’avoir 40 ans et j’ai déjà subi de nombreuses blessures et quatre opérations au genou.

Au fil des ans, j’ai posé des questions aux jeunes danseurs et aux anciens de la scène, et je compte maintenant faire des entretiens plus formels au fur et à mesure que j’avance sur ce projet. Ces aînés sont des bibliothèques vivantes; ils sont les gardiens de ce savoir. Nous ne voulons pas les tenir pour acquis. 

Certains des danseurs plus âgés à qui j’ai parlé disent qu’ils dansent mieux maintenant, tout en ayant moins de capacité que lorsqu’ils étaient plus jeunes. Ils ne se soucient plus de certaines choses, ils ont moins d’inhibitions. Quand on ressent la pression qui provient du point de vue des autres, cela nous affecte; mais lorsqu’on atteint un certain âge, il n’y a plus cette pression. On développe plus de précision, plus de caractère à travers nos limites. 

Jessica : Votre œuvre semble incorporer à la fois des mots et du mouvement pour communiquer des idées. Comment le langage verbal contribue-t-il au langage visuel de la danse? Quel est le processus pour travailler avec une forme d’art accompagnée d’une autre?

Crazy Smooth : Dans cette pièce, nous mettons en place un trio de danse, de parole et de multimédia. La danse va dans des endroits où les mots ne peuvent pas aller, quelque part de viscéral. Il en va de même pour le multimédia. Nous utilisons les forces de chacun de ces médias pour élever les autres. 

Nous tentons de créer un équilibre et d’obtenir la combinaison parfaite entre ces formes d’art afin de raconter des histoires et mettre en œuvre ce spectacle. Les danseurs parleront-ils eux-mêmes sur scène? Y aura-t-il des voix hors-champ? Les mots apparaîtront-ils en projection? Verrons-nous l’intérieur des corps des danseurs? Nous n’avons pas encore déterminé ces détails. C’est pourquoi nous sommes dans un processus de création pour pouvoir aller jusqu’au bout de la vision que j’ai pour cette pièce. 

Jessica : En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté? 

Crazy Smooth : MASC veille à ce que je reste en contact avec mon milieu d’origine. Je ne pense pas que je serais là où je suis aujourd’hui sans cela. Nous n’avons jamais été des artistes qui arrivent à un point où ils sont trop loin pour s’engager dans la communauté. Nous sommes en tournée depuis 2010, et nous allons toujours dans les mêmes centres communautaires. 

De nombreux membres du personnel de MASC sont eux-mêmes des artistes et ils se soucient beaucoup de leur travail : ils veulent voir la communauté s’épanouir et grandir, et ils se soucient tout autant des artistes. Cela se voit dans chaque projet qu’ils réalisent. Pour moi, c’est un honneur d’être un artiste de MASC parce que c’est un organisme très respecté de la communauté. C’est une réelle bénédiction pour nous de faire partie de l’équipe. Depuis que Bboyizm connaît un succès croissant, je me fais un devoir de maintenir cette relation avec MASC, car l’équipe me garde toujours enraciné. 

Jessica : Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels?

Crazy Smooth : C’est la beauté de ce que fait MASC. L’organisme recherche de bons artistes et les fait venir dans les écoles. Nous ne pouvons pas quantifier l’impact que nous avons sur les enfants, mais je sais que j’ai des boîtes de lettres d’enfants de ces ateliers. Et des enfants m’ont dit à quel point nous les avons influencés il y a des années. Ça me fait me sentir vieux! 

Nous savons tous qu’il existe de nombreux obstacles à la participation aux spectacles dans les salles de spectacle, c’est pourquoi MASC permet souvent aux élèves d’être exposés pour la première fois à des spectacles en personne. Et qu’est-ce que cela donne? Ces jeunes vont grandir et avoir leurs propres enfants un jour et ils continueront à consommer et à apprécier les arts du spectacle. Les salles de diffusion et les organismes qui travaillent avec les arts du spectacle se demandent constamment comment attirer de nouveaux publics. Regardez le travail de MASC! Cet organisme contribue directement à l’écologie des arts communautaires. 

Photo de groupe de l’équipe Bboyizm au travail. Gracieuseté de MASC.

Photo de groupe de l’équipe Bboyizm au travail. Gracieuseté de MASC.

Jessica : Beaucoup de gens ont vu et apprécié la danse de rue, mais connaissent très peu l’histoire et le contexte culturel de cette forme d’art. Que voulez-vous que les gens retiennent sur la culture qui se cache derrière la danse?

Crazy Smooth : Notre programme MASC est en fait une leçon d’histoire sur la culture hip-hop déguisée en divertissement. Il y a tellement d’histoire en lien avec la communauté afro-américaine et la communauté latino-américaine des années 70 et 80 jusqu’à aujourd’hui. Il existait une condition sociale et économique spécifique dans les ghettos du sud du Bronx qui, par amour et par beauté, a donné naissance à cette forme d’art qui a ensuite fait le tour du monde. Le B-boying et le B-girling n’étaient pas seulement inventés, il y a une histoire derrière, et elle varie d’une région à l’autre. Nous avons passé le stade où cette forme d’art était réduite à un simple passe-temps pour les jeunes enfants. Elle a eu une influence sur la danse traditionnelle et contemporaine. On parle même de l’intégrer aux Jeux olympiques. C’est une forme d’art à prendre au sérieux.

En 2007 et 2008, j’étais au Circle Kings en Suisse, et je regardais tout le monde dans le jam : les B-boys israéliens, les B-boys coréens, des gens de toutes les races, religions et origines. Et tout le monde était là, en paix, par amour pour cette forme d’art. Ça en dit long sur la puissance de cette culture. À ce moment-là, tout le reste n’avait plus d’importance. Cela permet d’aller à l’essentiel et de constater que nous sommes tous des êtres humains partageant un moment ensemble. 

Série MASC : une entrevue avec l’artiste Brad Lafortune

Cette entrevue a été originellement publiée sur Le Pressoir

Brad Lafortune est originaire de la communauté métisse de Sudbury, en Ontario. Il travaille comme physiothérapeute à Ottawa et propose des ateliers de gigue métisse ainsi que des spectacles sur l’histoire et la culture métisse au Canada par l’intermédiaire de MASC. Selon lui, la gigue est un moyen interactif de faire participer des personnes de tous âges, tout en découvrant les subtilités de la culture métisse. Dans cet entretien, Brad parle de l’identité unique métisse créée par un mélange de cultures riches et de la possibilité d’apporter la joie de la danse dans les foyers au cours de cette pandémie.

Jessica : Le mot « Métis » fait référence à une ascendance mixte, c’est-à-dire à des personnes ayant une ascendance mixte autochtone et européenne. Mais la culture métisse est bien plus que cela. Que signifie pour vous le fait d’être Métis? 

Brad : Être Métis est bien plus que mon ascendance métisse : il s’agit de mes coutumes, de mes traditions et de l’histoire de ma famille en tant que peuple autochtone. Toutes ces choses se rejoignent pour construire une grande partie de mon identité. Je suis fier d’être Métis et du fait que je suis un descendant de deux cultures très différentes qui, une fois unies, ont permis de créer notre identité actuelle. 

Jessica : On décrit la gigue métisse comme un mélange de pas de pow-wow des Premières Nations et de danse irlandaise. À quoi ça ressemble, d’exécuter cette danse et d’en être témoin? 

Brad : Étant donné ce mélange de styles des Premières Nations et des peuples européens, je trouve que la gigue a un lien avec de nombreuses personnes. Lorsque les gens regardent la gigue, ils disent souvent qu’ils ont déjà vu quelque chose de semblable, quoique différente, par le passé. Il s’agissait peut-être de danses des Highlands, de gigues irlandaises, ou encore de danse à la manière des Premières Nations lorsqu’ils assistaient à un d’un pow-wow. La musique de gigue est très entraînante et joviale; elle donne envie de taper du pied en suivant le rythme ou encore de se lever et se mettre à bouger. Ça me donne la sensation d’être dans un canoë rempli de voyageurs métis qui traversent le territoire. En regardant les pieds aller, on voit le flair rapide des gigues écossaises combiné aux pas complexes des danses de pow-wow provenant de l’île de la Tortue. En fait, le mélange de ces danses offre un portrait des relations qui se sont formées au début de la traite des fourrures au Canada, qui s’est déroulé entre les XVIIe et XVIIIe siècles.

Jessica : En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté?

Brad : Ce que j’aime par rapport aux ateliers que j’offre, c’est la possibilité d’instruire les gens sur la culture et l’histoire des Métis et des peuples autochtones. Même si je suis principalement là pour enseigner la gigue, c’est aussi l’occasion idéale d’offrir un apprentissage sur l’histoire des Métis, sur l’origine de la danse et sur les raisons de son apparence. C’est une façon pour moi de partager ma culture, mon histoire et mes traditions avec les autres tout en les faisant participer physiquement de façon amusante.

MASC me permet de partager ma culture et mon histoire par l’entremise de la danse avec de nombreuses écoles de la région d’Ottawa. J’adore terminer un atelier et voir tous les enfants me remercier pour l’expérience amusante et éducative, et me dire meegwetch et miina kawapamitin (ce qui signifie « merci » et « au revoir » en michif). Entre les ateliers, pendant la récréation, je voyais certains élèves continuer à danser dans la cour d’école alors que d’autres me montraient ce qu’ils avaient appris au moment de mon départ. J’aime voir les jeunes adopter ma culture de cette façon et partager leur apprentissage avec d’autres élèves en dehors de mes ateliers. 

Brad Lafortune en train d’animer un atelier dans une école. Photo gracieuseté de MASC.

Brad Lafortune en train d’animer un atelier dans une école. Photo gracieuseté de MASC.

Jessica : Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels?

Brad : Je crois que les artistes sont le cœur et l’âme de la culture. Les artistes, comme les danseurs, les chanteurs et les musiciens, peuvent transcender toutes les barrières culturelles ou physiques comme la langue ou l’ethnicité. Je vois ça comme une façon instinctive pour tout un chacun de se connecter à sa propre culture, ou à une nouvelle culture. Avoir accès à des artistes professionnels permet aux gens d’explorer différentes cultures, d’apprendre à les connaître et de s’épanouir autrement. Si nous voulons une communauté qui n’est pas seulement diverse, mais qui respecte et apprécie cette diversité, il faut comprendre les autres cultures et adopter une attitude accueillante à leur égard

Jessica : Vous êtes l’un des artistes qui participent à la nouvelle programmation en ligne de MASC. En tant que personne travaillant en physiothérapie et dans le domaine des arts vivants, deux professions qui nécessitent habituellement un contact de personne à personne, comment avez-vous réussi à adapter votre travail pendant la pandémie?

Brad : Il s’agit d’une adaptation, c’est certain. Une grande partie de mon travail repose souvent sur des indices physiques et visuels qui guident les mouvements, ce qui peut être un peu plus difficile à faire de manière virtuelle. Je pense aussi qu’un des éléments uniques de la danse est l’énergie qui est créée et l’ambiance qui résulte d’une pièce remplie de personnes qui bougent ensemble au son de la même musique. Mais je pense que l’adaptation fait partie de la vie d’un artiste. Les temps sont durs, mais aujourd’hui plus que jamais, je pense que les gens ont besoin d’art et de culture dans leur vie. Je pense qu’il faut saisir la possibilité d’utiliser nos formes d’art et nos spectacles pour apporter du bonheur et du divertissement dans les foyers.