Cette entrevue a été originellement publiée sur Le Pressoir

Jimmy Baptiste est papa, éducateur, animateur jeunesse, graphiste, commissaire et muraliste. Avec son approche unique à l’éducation, il vise à créer un sentiment d’appartenance dans les écoles et les communautés, en utilisant la murale et le graffiti pour partager une expérience positive de développement des compétences avec des gens de tous les âges. Dans cette entrevue de la série MASC, on parle avec Jimmy Baptiste afin d’en savoir plus sur sa pratique artistique et sa relation avec le public.

La murale « We Gon’ Be Alright » située sur la rue Bank, à Ottawa. Photo : Jimmy Baptiste

La murale « We Gon’ Be Alright » située sur la rue Bank, à Ottawa. Photo : Jimmy Baptiste

Tous ceux qui ont marché le long de la rue Bank ces derniers temps n’ont pu s’empêcher de remarquer l’incroyable murale We Gon’ Be Alright que vous avez créée avec Allan André et Kalkidan Assefa. Pouvez-vous nous parler de la profondeur de cette collaboration? 

Jimmy : Oui bien sûr! Kal et moi travaillions sur un autre projet, à peinturer les piliers devant le Centre de santé communautaire du Centre-ville sur la rue Cooper, quand il m’a demandé si je voulais collaborer avec lui et André sur cette murale. Nous avions tous peint ensemble quelques semaines auparavant, au mur légal de House of PainT, une autre œuvre démontrant notre soutien envers le mouvement Black Lives Matter. Étant tous Noirs, ces deux murales ont été une façon pour nous de canaliser notre énergie et nos sentiments d’une façon créative. J’aimerais d’ailleurs remercier tous les gens qui nous ont soutenus et les photographes qui sont venus documenter ce projet. Particulièrement David D Pistol, le photographe qui a documenté tout le processus. Merci aussi au Bank Street BIA et au magasin d’art Wallack’s, plus spécifiquement à Michael et à Morgan Wallack pour leur appui. Ce sont des gens merveilleux! 

Dans votre biographie, vous vous identifiez avant tout comme un père. Quel rôle le fait d’être parent joue-t-il dans l’art que vous choisissez de créer et dans les projets que vous choisissez de poursuivre? 

Jimmy : J’adore mes enfants, car ils m’inspirent à tous les jours. Ils me gardent droit! Du côté artistique, ils m’inspirent encore plus, car j’ai le privilège de partager mes connaissances et mes expériences avec eux. 

Les artistes Jimmy Baptiste, Allan André et Kalkidan Assefa travaillant sur une murale collaborative sur le mur légal de House of PainT. Photo : James Park.

Les artistes Jimmy Baptiste, Allan André et Kalkidan Assefa travaillant sur une murale collaborative sur le mur légal de House of PainT. Photo : James Park.

Certaines personnes ont un préjugé contre les graffitis et les murales. D’où pensez-vous que cela provient, et comment pensez-vous remettre en cause les stéréotypes dans l’enseignement de vos ateliers avec les jeunes?  

Jimmy : Je pense que le graffiti est un mouvement artistique qui est aussi important que les autres styles comme l’art nouveau ou le cubisme, par exemple. Il représente un style et un esthétique qui reste pure à la rue. Depuis plusieurs années maintenant, on peut voir de grosses corporations utiliser ce style de typographie pour attirer un public plus jeune ou plus branché à consommer leurs produits. Du coté de l’éducation, je sais que les ateliers de graffiti sont très populaires dans les écoles. Je fais des interventions culturelles depuis 17 ans maintenant et j’ai vu une belle progression au niveau des mentalités.  

En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté? Comment le travail avec les élèves a-t-il inspiré votre pratique générale?  

Atelier de typographie Photo : Jimmy Baptiste et Maryse Paquette

Atelier de typographie Photo : Jimmy Baptiste et Maryse Paquette

Jimmy : J’explore les bases de la typographie en proposant des ateliers qui permettent de développer la confiance en soi à travers la créativité. J’encourage souvent les participants à se donner la chance de prendre des décisions courageuses et à se donner la place pour faire des erreurs, car c’est la meilleure façon d’apprendre! J’applique cette même philosophie à ma vie au quotidien.

Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels? 

Jimmy : Je pense que c’est très important. Surtout pour une ville comme Ottawa qui est dotée de tous ces organismes artistiques. J’habite à Wakefield depuis maintenant 3 ans et je découvre chaque année des communautés artistiques vibrantes et dynamiques dans l’Outaouais et aux alentours d’Ottawa.  

Il existe un potentiel énorme qui est sous exploité pour ce qui est de connecter ces artistes avec leurs communautés à travers des projets d’art publiques qui donne l’occasion aux gens de reprendre possession de leurs espaces publiques en collaboration avec ces grandes institutions artistiques et académiques. Un peu comme ce qui se passe à Toronto avec l’organisme STEPS initiative et MuralRoutes. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis associé à MASC!